(English follows)
C’est avec grand plaisir que j’ai accepté, la semaine dernière, l’invitation du Symposium en Enseignement des Arts de l’Université Concordia-intitulé Accès Ouvert: L’Art de L’Inclusion, à co-faciliter une mini-Ruche d’Art/Makerspace, en compagnie de ma collègue Janis, fondatrice du réseau Art Hives et de la Ruche d’Art St-Henri, ainsi que de plusieurs artistes de la Coop Le Milieu et du Studio d'Art St-Sulpice. Nous avons également eu la joie d'accueillir dans notre petite équipe de Ruche éphémère Brittany, qui s'apprête à ouvrir une toute nouvelle "Ruche d'Art" à Montréal, située à l'intérieur de l'Église St.James The Apostle, voisine immédiat de l'Université Concordia.
À l'aide de quelques accessoires fabriqués à partir de textiles récupérés, ainsi que de beaucoup de matériaux d'art et de créativité, nous avons, tout.es ensemble, transformé une salle de classe de l'Université en un atelier collectif bourdonnantde vie et d’activité créatrice, l'instant des deux journées du Symposium.
C'était fascinant de constater comment, en ouvrant cette fenêtre d'inclusion à même les murs de l'université, on a pu transformer la dynamique habituelle d'une salle de classe. Soudainement, il semblait tout à fait normal de voir des membres de la communauté de différents âges, habiletés, horizons et cultures, parmi les étudiant.es et les professeur.es, tout.es apprenant côte à côte et les un.es des autres. Durant ce court laps de temps, l'environnement habituellement exclusif de la salle classe était devenu un espace de possibilités, au sein duquel les silos et les dynamiques de pouvoir dans lesquelles nous sommes tout.es coincé.es, souvent malgré nous, ne semblaient plus aussi pertinents. Observer les professeur.es et les étudiant.es de 2e cycle apprenant avec grand intérêt de nouvelles choses, enseignées par des membres de la communauté sans formation artistique, en disait long pour moi sur le fait que chaque personne, peu importe ses diplômes et son statut social, est si riche en dons à offrir à sa communauté et au monde.
Alors que j'étais occupée à tenir l'espace de notre mini-ruche et à polliniser en vue de futurs partenariats pour le réseau Art Hives, j'ai dû manquer la plupart des présentations du symposium, qui parlaient toutes de différentes méthodes toutes plus créatives et innovantes les unes que les autres, que les éducateur.trices, thérapeutes et artistes inventent pour faciliter l'accessibilité et l'inclusion à travers les arts, avec des clientèles de diverses habiletés, âges, cultures et horizons socio-économiques. J'ai pu assister, par contre et à mon grand bonheur, à la présentation de la conférencière invitée Judith Snow, artiste, inventeure sociale et militante pour l’inclusion (www.bookofjudith.com). Judith a mis la table pour une présentation hors de l’ordinaire, en commençant par demander à l’auditoire de reconfigurer la salle de conférence pour en faire un espace plus inclusif, dans lequel nous serions appelés à quitter le rôle d’observateur/trice.s passif/ve.s et devenir les participant.es actif/ve.s d’une conversation collective. Après que le groupe ait choisi de se réorganiser en un grand cercle de parole, la conférencière nous a invité.es à nous remettre en question le degré d’inclusion de nos comportements, façons de travailler et d’entrer en interaction, ainsi que les modèles éducatifs et thérapeutiques que nous utilisons contribuaient à créer une inclusion profonde, égalitaire et autonomisante, qui valorise réellement la diversité, plutôt que de commander l’uniformité et l’émulation d’un modèle dominant. Elle a proposé son propre modèle de l’inclusion, qui m’est apparu véritablement innovant. L’inclusion, “valorisation de la diversité”, suppose qu’ “autant les inclus.es que ceux/celles qui incluent reconnaissent la valeur des cadeaux et des contributions inhérents à toutes les cultures, caractéristiques et expériences disponibles. La perception qu’il y a deux côtés et une frontière distincte peut alors s’estomper. Un travail partagé est amorcé pour récolter des bénéfices mutuels pour et avec l’un.e et l’autre.”
Ses idées faisaient écho à l’expérience que je venais tout juste de vivre, celle d’avoir créé une toute petite brèche d’inclusion dans un système institutionnel plutôt rigide en y apportant notre mini-ruche, et généralement, avec le travail que le mouvement Art Hives met de l’avant. Sous des allures trompeuses de loisir et d'amusement, notre travail pourrait en fait s’avérer plutôt révolutionnaire, car il questionne le statut quo d’inéquité dans la distribution du pouvoir dans notre société. Dans un espace qui met au centre l’imagination, le dialogue, les expériences d’apprentissage autonome et le bien-être de la collectivité, la balance du leadership culturel, éducatif, thérapeutique, et politique peut lentement commencer à glisser d’un peu moins entre les mains d’une petite élite privilégiée vers un peu plus entre les mains de la communauté. Nous voulons que cette communauté en soit une qui célèbre la richesse de toutes nos différences, et comme le dirait Judith, une communauté où nous pouvons abandonner les étiquettes que l’on nous impose de l’extérieur et embrasser les identités que nous choisissons pour nous-mêmes.
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With great pleasure, I accepted, last week, the invitation to co-facilitate a pop-up Art Hive/Makerspace in this year's Art Education Symposium, Open Access: The Art of Inclusion, along with my Art Hives colleague Janis, founder of La Ruche d’Art and Art Hives, and many other artists from Coop Le Milieu and Studio d'Art St-Sulpice. We were very happy to welcome to our pop-up art hive team Brittany, who is just about to open a brand new Montreal Art Hive within the St-James-the-Apostle Church, a next door neighbour to Concordia University. With the help of a few upcycled fabric props, and lots of art supplies and creativity, we together transformed a university classroom into a buzzing, lively, community art studio open to all, for the two days of the Symposium.
It was fascinating to see how opening such a window of inclusion right inside the walls of the university could transform the usual dynamic of a classroom. All of the sudden, it seemed completely normal to see community members of diverse ages, abilities, backgrounds and cultures blending with students and professors and learning alongside, and from, each other. For this small moment in time, the usually exclusive university classroom had become a space of possibility where the usual pigeonholes and power dynamics we are all trapped in became less relevant. Witnessing university professors and graduate students learning new things with great interest from untrained community artists, did for me highlight the fact that each person, regardless of their status and diplomas, has so many gifts to offer to their community and the world.
While I was busy like a bee holding the hive space and pollinating new Art Hives partnerships, I ended up missing most of the Symposium presentations, which all featured some the many creative and innovative ways educators, therapists and artists find to increase accessibility and inclusion through the arts, across diverse abilities, ages, cultures, and socioeconomic divides. I wish I could have heard them all! One presentation I was able to attend, and really glad I did, was keynote speaker Judith Snow, an artist, social inventor and inclusion advocate (www.bookofjudith.com). She set the tone for an out-of-the-box talk by asking the audience to transform the presentation space into a more inclusive one, in which we would leave the role of observer and become active participants in a collective conversation. After the group chose to rearrange as a talking circle, Judith challenged us to question whether our behaviours, ways of working, and the educational and therapeutic models we use were fostering deep, egalitarian, empowering inclusion that really valued diversity, over uniformity and fitting in a dominant model. She proposed her very innovative model of inclusion, which she defines as “valuing diversity” in which: “both includers and included recognize value in the gifts and contributions inherent in all available cultures, characteristics and experiences. The perception fades that there are two sides and a distinct boundary. Shared work is undertaken in order to reap benefit for and with each other”.
Her ideas resonated very much with the experience I had just had of co-creating a tiny breach of inclusion in the often rigid institutional system with our pop-up hive, and in general, the work that the Art Hives movement brings forward. I believe that our grassroots work, under its deceiving appearances of a leisurely pastime, can in fact be quite revolutionary because it challenges the status quo of inequity in the distribution of power. In a space that places imagination, dialogue, self-directed learning experiences and communal well-being at the center, the balance of cultural, educational, therapeutic, economic and political leadership can slowly start shifting from the hands of a small priviledged elite back into the hands of the community. And we want this community to be one that celebrates the richness of all our differences, and, as Judith would say, a community in which we are free to leave the externally imposed labels behind and embrace the identities we choose for ourselves.
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